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1.2. TRAITEMENT DE DONNÉES IMPRÉCISES ET INCERTAINES

Le problème qui nous intéresse ici est celui de la gestion de l'imprécision et de l'incertitude sur des informations qui peuvent être numériques ou symboliques. La logique floue a été initialement l'outil que nous avons privilégié dans ce domaine, puis nous avons développé différents travaux, en particulier dans le cadre de la fusion de données, en faisant appel à d'autres théories de l'incertain.

1.2.1 Systèmes d'Inférence Floue Optimisés (SIFO).

Ce thème a été le premier abordé, en particulier à travers une participation active au groupe de travail "Commande Symbolique et Neuromimétique" du pôle "Automatisation Intégrée" du G.R. Automatique dès sa création. Il est aussi très impliqué dans les activités du CEMIF concernant la robotique mobile et les véhicules intelligents (cf. thème 3 : § 3.1.2.1).

Un système d'inférence floue peut être vu comme un système multi-paramètres. Même si l'esprit de la commande floue est de choisir ces paramètres par recours à "l'expertise humaine", une démarche logique est de se servir de cette expertise comme initialisation (introduction de connaissance a priori), mais de rajouter à cela une étape d'optimisation supervisée. Un lien naturel apparaît donc avec les activités concernant les problèmes d'apprentissage (cf § 1.1) et nous avons privilégié, par rapport à l'ensemble des méthodes d'optimisation possibles, le recours à des méthodes proches de celles utilisées dans les réseaux neuromimétiques multicouches (RMC), c'est à dire celles basées sur la minimisation d'une fonction de coût, puisqu'il existe une analogie structurelle très forte entre SIF et RMC. Néanmoins une différence importante apparaît immédiatement. Un RMC est une "boîte noire" à apprentissage global dans laquelle aucune interprétation physique ou logique n'est attribuable aux paramètres à optimiser. Par contre un SIF est un système de nature locale (seules quelques règles sont activées pour un vecteur d'entrée donné) dans lequel la signification des paramètres est très forte.

Deux attitudes peuvent alors être suivies :

Nous nous inscrivons clairement dans une démarche du second type.

Nous avons tout d'abord analysé de façon systématique les mécanismes d'apprentissage par descente de gradient appliqués à un SIF sous différentes contraintes visant à préserver la lisibilité des règles [BRU96T, BRU95C] , afin de dégager un certain nombre de principes méthodologiques. Un problème majeur est lié au contrôle de la dérive des paramètres (ou poids) du SIF, en particulier pour ceux correspondant aux conclusions des règles. Nous avons pour cela développé un algorithme utilisant une méthode d'optimisation basée sur la minimisation d'un critère lié d'une part à la tâche à accomplir et contenant d'autre part un terme de pénalité qui va assurer un comportement de convergence des poids vers des valeurs faibles et quasi constantes. On peut alors extraire une table de règles du SIF optimisé, vérifier sa cohérence et son interprétabilité et comparer éventuellement sa logique à celle déduite par expertise

Cette méthode a été validée dans le cadre applicatif d'un système de navigation réactive de robot mobile utilisant plusieurs blocs de commande floue et qui est présenté au § 3.1.2.1. Les différents modules flous ont été optimisés et une technique d'apprentissage a été mise au point qui évite les "pertes de mémoire" lorsque l'information reçue par le système est pauvre. On peut ainsi effectuer un apprentissage totalement en ligne, avec ou sans introduction de connaissance a priori, et en laissant l'algorithme actif en permanence [MAA98aC]. Cette capacité d'apprentissage progressif permet de pouvoir passer, sans aucune étape de modélisation et de simulation, de la commande d'un mobile à celle d'un autre (ou plus généralement de celle d'un processus à un processus voisin) avec seulement une très courte phase de complément d'apprentissage en ligne [MAA98bC].

Ces travaux sur la commande floue et l'optimisation des SIF sont actuellement étendus, en collaboration avec le LARP de l'INT, à la modélisation et la commande de systèmes non linéaires multi-entrées et multi-sorties (MIMO) [SOR-T]. Ceci pose tout d'abord le problème de la mise en oeuvre de méthodes de découplage pour lesquelles des solutions originales basées sur le concept de relation floue ont été proposées [SOR97C], [SOR98C]. Les démarches d'optimisation décrites précédemment peuvent ensuite s'appliquer efficacement et nous les avons évaluées très favorablement par rapport à des méthodes stochastiques telles que les algorithmes génétiques qui connaissent une grande vogue actuellement [SOR96C].

Par ailleurs, ce thème est source de collaborations industrielles diverses :