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Rôle des signaux perceptifs internes



Hypothèse _s   Les signaux perceptifs internes permettent d'orienter la production d'informations perceptives, de manière à proposer à la sphère consciente de l'individu un ensemble de possibilités adéquates par rapport à un problème précis. Ce filtre effectue une discrimination entre les solutions jugées ``mauvaises'' et les solutions jugées ``bonnes'', lesquelles seront accessibles à la conscience.



Jusqu'à présent, nous avons évoqué des exemples utilisant des signaux perceptifs externes (à travers la vision ou l'ouïe). À travers ces exemples, nous avons supposé que l'AP n'est pas guidée par un objectif précis, du moins par un objectif accessible à la conscience. Dans notre exposé, l'AO utilise des signaux internes (signaux de renforcement) pour marquer les états du système, c'est-à-dire les différentes catégories d'informations perceptives. Comment peut-on justifier une telle organisation ? C'est l'objectif de cette sous-section.
Il nous faut tout d'abord préciser le terme signal interne. Il s'agit d'un message (chimique ou électrique) qui est émis par différentes parties du corps qui pourra être utilisé en tant que source d'information interne. Le signal de renforcement en est un. Mais les émotions, en général, suivent également cette définition. Par ``émotion'', il faut comprendre un champ plus vaste que les émotions primaires (joie, peur, colère, etc...). D'une manière plus générale, ce sont des signaux que certaines parties du corps génèrent, et qui sont perçus d'une manière consciente ou non par l'individu. Des expériences menées avec des personnes dont la moelle épinière a été sectionnée, rendant insensible une plus ou moins grande partie de leur corps (suivant l'endroit de la section) montrent que celles-ci souffrent de déficiences partielles au niveau du ressenti des émotions; ces problèmes sont d'autant plus accentués que la zone insensible du corps est importante.
Les travaux entrepris par Damasio [Damasio, 1994] tendent à montrer que les émotions jouent un rôle important dans des processus intellectuels rationnels. Cette idée a été redécouverte récemment, alors qu'elle avait été émise il y a longtemps par James ou Darwin, puis mise à l'écart. Il est vrai que la relation entre émotion et rationalité n'est pas évidente a priori; il paraît même aller de soi qu'une réflexion rationnelle (objective) doit exclure toute émotion (subjective, par essence). Pourtant, des études menées sur des patients souffrant de lésions dans des aires précises de la région préfrontale du cerveau montrent cette relation. En effet, il semble que ces personnes sont à la fois incapables d'éprouver la moindre émotion et, parallèlement, ont un trouble prononcé de la capacité à décider de façon avantageuse dans leur vie quotidienne. Ainsi, bien que ces hommes aient conservé des capacités intellectuelles intactes et utilisent encore tous les instruments de la rationalité, ils prennent dans de nombreux cas des décisions irrationnelles, très souvent à leur désavantage. À partir de cette constatation, Damasio formule une hypothèse selon laquelle le mécanisme du raisonnement reçoit des signaux internes, consciemment ou non, de la part des centres émotionnels, permettant au raisonnement d'aboutir; dans les cas pathologiques, ces signaux ne sont plus reçus ou interprétés: ils ne sont plus transformés en information perceptive.
Cette hypothèse a été baptisée ``hypothèse des marqueurs somatiques''. Les marqueurs somatiques joueraient le rôle de filtres permettant, au cours d'un raisonnement quelconque, de supprimer d'office des solutions qualifiées de ``mauvaises''. Il ne resterait alors plus que quelques options qui seraient accessibles à la conscience et à partir desquelles l'individu pourrait choisir au mieux.
Le choix d'un ensemble fini de marquages possibles dans notre algorithme CbL est inspiré de l'hypothèse des marqueurs somatiques. L'algorithme de choix de la commande fait apparaître l'ensemble des commandes ayant un marquage maximal, qui sont jugées comme étant de qualité comparable. Notre notion d'optimalité est donc affaiblie par rapport à celle utilisant une mesure continue (les marquages sont choisis dans un ensemble fini).
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2002-03-01