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3 Structuration de la mémoire comme résultat de l'apprentissage de la faculté de perception



Hypothèse _s   L'adaptation du système perceptif (voir l'hypothèse 1) se concrétise par une structuration de la mémoire, particulière au problème posé.





Hypothèse _s   La structuration de la mémoire met en relation trois composantes: des canaux perceptifs, des canaux émotionnels et des actions internes.



La mémoire d'un être vivant n'a très certainement rien à voir avec la mémoire informatique, pour des raisons fondamentales.
Ainsi, la mémoire informatique possède les propriétés suivantes:
  1. la mémoire totale est un ensemble de cases mémoire (les bits)
  2. chaque bit est identifié par un marqueur unique: c'est son adresse en mémoire.
  3. le contenu (0 ou 1, pour un bit) est indépendant du contenant (l'adresse du bit en mémoire).
  4. chaque bit peut être lu ou modifié, indépendamment de tous les autres.
  5. le contenu d'un bit est abstrait et exact; c'est un symbole qui n'a pas de sens propre.
  6. un bit n'a pas de ``mémoire'', dans le sens ou la valeur présente (0 ou 1) a effacé les valeurs que le bit avait pris antérieurement.
Alors que la mémoire biologique possède les caractéristiques suivantes:
  1. la mémoire biologique n'est probablement pas sécable physiquement en un ensemble d'unités de mémoire distinctes.
  2. les objets mémorisés sont liés non seulement aux sens par lesquels ils ont été appris (ouïe, vue, odorat, toucher, goût), mais aussi aux émotions éprouvées pendant le temps de cet apprentissage.
En particulier, il existe une interaction entre le souvenir (passé) et l'état actuel des sens. Ainsi, si un moyen de perception est altéré, il apparaît qu'un souvenir antérieur à la période d'altération est remémoré grâce aux moyens de perception actuels: si une personne perd l'usage d'un oeil, ses souvenirs visuels antérieurs à cette déficience émergeront comme si cet homme n'avait jamais eu qu'un seul oeil valide.
Par conséquent, il semble qu'un souvenir, même s'il est lié au passé dans les faits, n'a pas une structure figée d'une manière définitive et qu'il est rappelé grâce aux aptitudes sensorielles disponibles dans le moment présent. Cependant, la mémoire n'a pas uniquement un lien direct avec les canaux de perception. Ainsi, un aspect du rôle de l'émotion dans la mémorisation a été mis en valeur par Le Doux. Celui-ci a montré que l'apprentissage de la peur peut non seulement se faire indépendamment du cortex, mais, en l'absence de cette partie la plus intellectuelle du cerveau, la mémoire de scènes d'une très forte émotionnalité est indélébile.
Par conséquent, il semble que les moyens de perception mais aussi de ressenti (émotions) jouent un rôle de structuration de la mémoire.
Nous faisons l'hypothèse que la mémoire possède des qualités de polymorphisme et que sa structuration est spécifique à un objectif précis. Nous pensons également que l'acquisition de la faculté de perception (voir le paragraphe 1.3.1) se traduit par une structuration particulière de la mémoire, mettant en oeuvre l'ensemble des canaux perceptifs nécessaires à cette faculté de perception. Cette adaptation structurelle permettra de mémoriser des connaissances spécifiques (apprentissage de haut niveau).
D'autre part, contrairement au schéma classique dans lequel la perception est assimilée à l'acquisition de données, la faculté de perception englobe également les processus qui permettent d'extraire l'information pertinente au bon moment. Il s'agit d'un processus actif dans lequel des actions sont mises en jeu inconsciemment par un individu. Ces actions ont pour but de filtrer le flot d'informations entrantes et d'en retenir les éléments pertinents. Ainsi, des études menées concernant la reconnaissance de scènes ou, plus particulièrement, de visages, ont montré l'importance du phénomène des saccades oculaires. Ce phénomène engendre par ailleurs des manquements, montrant que la sensation de voir pleinement et finement une scène n'est qu'une illusion [].
Cela signifie que nous supposons que le processus de perception est essentiellement dynamique et que la reconnaissance d'une situation perceptive ne peut pas être effectuée instantanément, mais après l'exécution d'une certaine séquence d'actions internes à l'individu.
Nous supposons que la structuration de la mémoire, qui correspond à l'apprentissage de la faculté de perception, possède une troisième composante (après les canaux perceptifs et les canaux émotionnels) qui tient compte d'un ensemble d'actions internes.
Par conséquent, notre hypothèse est que la structure de la mémoire se construit autour de trois composantes: un ensemble de canaux perceptifs, un ensemble de canaux émotionnels et un ensemble d'actions internes.


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Frédéric Davesne 2001-07-13