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1 Résultats généraux

Notre thèse, décrite au début du chapitre 1, est qu'il existe un principe ou une loi commune au vivant régissant, d'une certaine manière, l'interaction entre les trois processus. En référence à cela, nous sommes parti d'éléments extrêmement généraux, postulant en particulier les faits suivants: Une partie de la première assertion est sous-tendue solidement par des résultats expérimentaux: tous les êtres vivants semblent posséder ces trois processus, quelle que soit leur espèce où leur complexité apparente. D'autre part, une partie de la dernière assertion semble être validée par des résultats en psychologie expérimentale, concernant la vision (voir [O'Reagan et Noë, 2001]). La deuxième assertion est, elle, une généralisation de principes psychologiques, insistant sur le fait que le sentiment de certitude est toujours plus important que l'objectif à atteindre, dans la mesure où ce dernier est façonné, voire modifié, par le besoin impératif que cet objectif soit atteint avec certitude (idées déduites de [Watzlawick, 1991] ou [Thagard et Millgram, 1997]).
À partir de ces faits, notre travail a consisté à établir, du moins en partie, un formalisme cohérent avec ces hypothèses. Ainsi, nous avons établi un contexte global reliant les processus de perception, de mémorisation et d'action sur le monde extérieur. Dans cette relation, le facteur temps joue un rôle essentiel: la perception, ainsi que la remémoration et l'apprentissage (mémorisation) s'effectuent dans le temps. L'échelle de temps (liée au paramètre h) est une structure nécessaire dont l'utilité est d'assurer la certitude de ce qui est perçu, remémoré ou appris. Nous avons montré que la découverte d'une bonne échelle de temps pour percevoir une scène est essentielle pour s'affranchir des aléas, voire des aberrations, de la perception brute de celle-ci. Ainsi, il permet de rester dans la zone de quasi-certitude de la figure 1.14.
Nous avons établi un schéma de communication entre un processus d'élagage (perception), dont le résultat est l'activation à chaque instant de certaines zones de l'espace des variables internes de l'entité, et le processus d'anticipation, formé d'un ensemble d'agents chargés d'interpréter la perception reçue suivant un a priori (intentionnalité). Dans ce schéma, l'ensemble des zones de l'espace des variables internes ne constitue pas une mémoire, mais un espace réactif: l'activation d'un ensemble de scenarii est le reflet de l'interaction entre le signal brut et les capacités de perception de l'entité; cette activation est reliée à la notion de certitude d'avoir perçu quelque chose. Ainsi, nous avons bâti un formalisme dans lequel un signal régi par une loi uniforme (signal sans signification) entraîne l'activation d'une zone spécifique avec une probabilité aussi réduite qu'on le désire. Le dimensionnement de ce que nous avons appelé les ``focus'' s'effectue en fonction de cette probabilité. Un algorithme d'élagage a été établi au chapitre 2 et modifié dans le chapitre 3. À partir de celui-ci, les tests ont montré la validité du formalisme: un signal U[0,1] ne fournit aucune information en sortie de l'algorithme d'élagage. Au contraire, lorsque le signal ne suit pas une loi uniforme (et même s'il est fortement discontinu), on peut trouver une échelle de temps (valeur de h) pour laquelle le signal peut être traité.
Nous avons défini le squelette du processus de mémorisation, sans parvenir toutefois à une formalisation assez complète pour établir un algorithme. La mémoire est représentée par un ensemble d'agents, reliés d'une part à une zone précise de l'espace des variables internes et, d'autre part, à d'autres agents. L'activation d'un agent correspond à la coïncidence entre l'activation de la zone associée et l'activation d'un ensemble d'autres agents lui étant connectés. La propagation de l'activation d'agents à d'autre agents dans le temps produirait la certitude d'avoir reconnu le signal. Nous avons proposé un mécanisme dans lequel la répétition d'activations simultanées ou consécutives de zones de l'espace des variables internes produit les connexions entre agents.
Notre sujet d'étude s'est principalement centré sur l'interaction entre la perception et la mémorisation, pour un signal mono-dimensionnel. Toutefois, nous pensons que la résolution de ce problème suffit pour obtenir des résultats beaucoup plus généraux (paragraphe 3.2.5). En effet, l'action est vue comme un signal moteur et la réalisation d'une tâche particulière est associée, en plus, à un signal indiquant la qualité de ce qui est accompli (en fonction de la tâche). Si nous associons à chaque signal un espace des variables internes qui lui est propre et que nous considérons l'ensemble des ces espaces internes comme une unique entité, dont chaque zone est reliée à un agent, le mécanisme créant les connexions entre agents (indifférent à la particularité de la zone associée à l'agent) se charge de relier ces signaux différents dans le cadre d'un processus d'anticipation unique: la dimensionnalité du problème dépend alors des connexions établies par l'expérience et n'est pas égale, a priori, au nombre de canaux perceptifs.


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Frédéric Davesne 2001-07-13